Réellement compléter la révolution tranquille
"Compléter l'oeuvre de la révolution tranquille", pour reprendre la couverture du Devoir de ce matin, devrait commencer par réparer les dommages faits par l'Église catholique au Québec. Les crimes horribles des prêtres contre les enfants restent impunis. L'état laisse ici le soin à l'Église de s'occuper de ces affaires criminelles. Pendant ce temps, les évêques font la morale sur l'éducation sexuelle ou religieuse des enfants en prenant position publiquement sur la réforme scolaire. Le banc des accusés est le seul endroit où on devrait permettre aux curés de parler de sexualité et de morale.
Notre histoire est irrémédiablement liée à la colonisation incluant la destruction d'une diversité de peuples autochtones et qui continue à ce jour. On imagine souvent un vague crime passé mais la réalité est que le génocide a continué jusqu'à la fermeture des pensionnats autochtones à la fin du siècle. La Révolution tranquille n'a certainement pas fini ses devoirs, mais pas au sens où l'entend Guy Rocher et les défenseurs du projet de loi 21.
J'ai été éduqué à la Commission des Écoles Catholiques de Montréal (CECM). Durant mon séjour dans cette institution, j'ai suivi des cours de catéchèse "destinée à faire grandir les enfants [...] dans l'intelligence du message chrétien" (Wikipédia). Ce n'était pas l'époque de la grande noirceur mais bien des années 80, où on avait encore le "privilège" d'entrer à l'église durant le curriculum standard de l'école primaire. Évidemment, "communier avec Dieu" était réservé aux baptisés, groupe d'élite dont je ne faisais pas partie. J'ai donc cru important de me faire baptiser à ce jeune âge pour tenter de corriger ce faux-pas parental, dans l'espoir d'atteindre l'illumination dans la noirceur du confessionnal.
Étant donc devenu un athée convaincu, je me désole de voir mes concitoyens s'entre-déchirer sur les questions religieuses. Compléter la véritable Révolution serait de convertir les églises et presbytères en centre sociaux au lieu de condos, traduire les prêtres en justice au lieu de les passer à la radio, redonner aux peuples que nous avons volé et commencer à réparer les erreurs du passé.
Comme disait Borduas, il faut opposer le "refus global" à la "responsabilité entière". Reconnaître les fautes et les erreurs de notre propre culture, et commencer à les réparer, au lieu de s'attarder aux vices possible d'une culture que nous ne connaissons pas vraiment. Alors que l'extrême droite est la source de la majorité des attentats terroristes en Amérique du nord, pourquoi se préoccuper des voiles de nos enseignantes? "Place aux nécessités!" L'urgence climatique et la montée du fascisme devraient être les sujets d'importance au lieu de ces questions vestimentaires.
Cet article a été refusé au Devoir.
Amen!
On semble continuer de s'attaquer aux autres religions comme si c'était la nôtre. Détruire le catholicisme parce qu'on a grandi dedans et qu'on en voit ses absurdités, c'est tout à fait justifié. Mais s'attaquer à une religion qu'on ne connais pas avec des subtilités qui sont invisibles à nos yeux, c'est d'un stupide crade.