Eh oui, la "Corporation des propriétaires immobiliers du Québec" vient de le déclarer, il y a trop de logements sociaux. Maintenant que la crise du logement a cessé d'être une crise pour devenir un problème de société constant, il ne faudrait surtout pas renverser la vapeur, maintenant que le taux d'innoccupation a augmenté de 0,1%. Non, il faut maintenir le couperet à la gorge des locataires, les loyers élevés et, vous avez bien lu, cesser de financer le logement social.

Évidement, les groupes de défense des locataires (tels que le RCLALQ et le FRAPRU) ont une opinion bien différente de la situation... La situation ne s'améliore pas pour les locataires à faible et modeste revenus. En 6 ans, le loyer moyen a augmenté de 25% à Montréal (comparez à l'indice général des prix à la consommation à 13.5%). La SCHL (Société canadienne d'hypothèques et de logements) nous répond que "la faiblesse des charges de remboursement hypothécaire qui a continué d'inciter des ménages locataires québécois à accéder à la propriété." Mais évidemment, on ne parle pas ici des personnes à faible revenus. Et ne cherchez pas le communiqué du FRAPRU dans l'article de Radio-Canada, j'imagine qu'ils trouvaient qu'ils prenaient trop de place, et bon, le journalisme, c'est démodé.

En fait, le problème est de soumettre les logements à un marché, qui est d'ailleurs artificiel, car il est contrôlé par les taxes des municipalités. Je pourrais, par exemple "accéder à la propriété" (ce qui n'est rien de moins que l'American Dream de changer de classe sociale, plus ou moins) et acheter mon "bloc". Le problème, c'est que depuis la dernière évaluation foncière de 2003, la valeur du bloc a augmenté de 112000$, ou plus précisément a passé de 230 000$ à 344 000$. Les évaluateurs ne sont probablement passés voir les fenêtres de ma voisine (qui date d'une autre époque) et le sous-sol (fissuré à mort, qui nous agrémente d'un joli ruisseau au printemps). Comment, dans ces conditions, sommes-nous censés accéder à la sacro-sainte "propriété", berceau de la classe moyenne, dites-moi...

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