Je viens d'arriver à la maison à vélo, et je me suis dit qu'il serait peut-être bon de parler de comment je fais pour faire du vélo avec ce froid... Je me surprends à prendre plaisir à faire du vélo encore à cette température. En fait, le froid n'est vraiment pas un problème.

La clef: l'habillement

Quand on est habillé correctement, tout va bien. La clef est d'être suffisamment habillé et laisser respirer le corps, sans être ''trop'' au chaud. Le premier réflexe des cyclistes en général quand il commence à faire froid est de s'emmitoufler dans des vêtements très chauds. Ce qui se passe alors est que le cycliste a chaud, certes, mais fini par suer à mort et le processus se renverse: puisqu'il deviennent mouillés, les vêtements (tout comme le cycliste lui-même) sont moins efficaces et le froid revient, encore pire qu'au départ.

Le sous-vêtement

Je suis donc légèrement vêtu, somme toute, quand je fais du vélo l'hiver. J'ai bien sûr une combinaison magique: un sous-vêtement de polypropylène, 98% polyester, 2% spandex. En fait, je ne suis même pas sûr que c'est vraiment du polypropylène, mais c'est comme ça qu'on appelle ça dans la famille. Enfin... tout ça pour dire que c'est un tissu léger, qui n'absorbe pas l'eau, contrairement au cotton, par exemple, qui est un très mauvais sous-vêtement de plein air. Donc, première couche: le polypropylène.

L'isolation

Aujourd'hui, j'ai ajouté un chandail de cotton en deuxième couche parce qu'il fait un peu plus froid, mais autrement (à -2, mettons), je mets directement mon manteau par-dessus ce sous-vêtement. Celui-ci est aussi très important: sa fonction principale est de couper le vent, mais il doit aussi permettre à la sueur de s'échapper. Mon coupe-vent a donc des fentes d'aération béantes sous les bras que je peux fermer grâce à des fermetures-éclair. En général, je pars avec les ''zippers'' fermés, et je les ouvre si j'ai chaud en chemin. Aujourd'hui je ne les ai pas ouvert, il faisait trop froid, et je n'ai fait que 10 km aller-retour, à peine le temps de se réchauffer. Souvent, je traîne aussi une chandail de laine quelconque au cas où il fasse vraiment froid.

Les mains

Une autre partie très importante est d'avoir des bons gants. Un peu comme le manteau, ils doivent bien couper du vent, mais aussi bien respirer. J'utilise des gants de ski de bonne qualité, qui étaient originalement en deux parties: des gants internes en laine et des gants externes en 3 couches: nylon à l'extérieur, doublures en polyester et polyuréthane et une gaine en polyester/oléfine (ça paraît que je lis les étiquettes? oui, bon, merci). L'idée de base ici est que ce sont en fait deux gants l'un dans l'autre. Quand il fait trop chaud, on enlève une couche! Il ne faut pas suer!

On peut aussi très bien utiliser des mitaines, qui sont généralement beaucoup plus chaudes que des gants, car les doigts ne sont pas isolés. En fait, je crois que ça serait probablement mieux: j'ai toujours un peu froid au doigts à cause des gants... Mais toujours mieux d'avoir froid que de suer, parce que sueur égale froid ''anyways''.

Les jambes

Aujourd'hui, j'ai mis une simple paire de jeans, qui coupent bien le vent et résistent bien aux attaques de la chaîne et autres parties du vélo. J'ai aussi mes pantalons de sport, plus faits pour l'été, qui ont des jambières détachables pour les transformer en ''shorts'' quand il fait trop chaud, ce qui ne risque pas d'arriver ces temps-ci.

Les pieds

Pour les pieds, je mets mes bottes de marches, plus chaudes que mes ''docks'' habituels, qui ont la fâcheuse tendance à congeler les pieds grâce à leurs multiples protections métalliques. N'empêche que ces bottes m'on servi tout l'été, au travers de la pluie et des longs trajets, dans un bon confort. Ils aident aussi à être confortable pour bien chevaucher le vélo et protéger les chevilles des contacts avec le vélo, ce qui manque un peu à mes plus courtes bottes de marche.

La tête

Finalement, je mets une tuque sous mon casque, principalement pour réchauffer mes oreilles, mais aussi, quand il fait vraiment froid ou qu'il y a un bon vent, pour empêcher mon cerveau de geler. Et évidemment, on ne néglige pas le casque, même avec une tuque, ça rentre! Je traîne aussi un foulard pour les moments où il fait très froid.

La pluie

Tout ceci est très bien quand il fait froid et qu'il neige, mais parfois, l'hiver nous joue des tours et se réchauffe, et hop, de la pluie! Il fait froid quand même, mais il pleut. Les Chinois ont des imperméables fantastiques pour ça. Étant beaucoup plus imprégnés de culture cycliste que nous, ils ont naturellement développé des solutions techniques fiables au problème de la pluie. Les imperméables sont en fait des ''ponchos'' longs qui se rendent jusqu'au guidon. Mon ami Mathieu en a pris une bonne photo lors de son voyage là-bas. Il s'en est également ramené un, que j'ai essayé: c'est tout simplement fantastique. Le poncho couvre les mains et les jambes, qui sont les premiers à se mouiller et à geler habituellement. Il n'y a rien à faire d'autre que les couvrir, ceux-là: si on tente des gants ou des pantalons étanches, on les empêche de respirer et on retombe dans le cycle de la chaleur/sueur/froid. Donc, la solution magique: un imper chinois! En fait, je ne sais pas trop comment on appelle ça, car j'ai en entendu parler la première fois dans Effective Cycling, un excellent guide détaillant une technique de vélo développée par John Forester, qui a aussi écrit le livre, technique qui m'inspire beaucoup pour me débrouiller en conduite urbaine.

En bref

Le principe de base: plusieurs couches de différentes fonctions au lieu d'une grosse couche qui tente de tout faire. Si j'ai trop chaud, j'enlève une couche. Si j'ai trop froid, j'en rajoute une. Ceci s'applique partout: des bottes (plusieurs bas de laine!) au corps (le coupe-vent! pas de gros manteau d'hiver!) en passant par les jambes (des sous-vêtements peuvent être pratiques là aussi par grand froid) et les gants.

Les conditions routières

La glace, la neige et la slush

L'inquiétude des gens quand on parle de conduite à vélo l'hiver porte naturellement sur la neige. C'est vrai qu'elle peut effectivement être un problème, mais comme j'ai déjà parlé dans un autre carnet, la neige est rapidement évacuée des rues par la voirie ainsi que par la friction des pneus des voitures contre la chaussée, qui la transforme en ''slush'' ou tout simplement en eau. L'eau n'est vraiment pas un problème non plus, comme l'été. La slush, un peu plus: c'est un peu plus glissant que l'eau, et ça cache parfois des surprises. Le plus dangereux, c'est la glace et la neige.

Comme j'ai déjà mentionné, la neige se transforme très facilement en glace si elle est compactée à répétition par les véhicules, sans fondre. Aussi, si la neige ou la ''slush'' fond et regèle, elle ne redevient pas neige, mais glace, et peut prendre des formes très dangeureuses. Les véhicules la déplaçant dans la direction du traffic, elle forme parfois des lignes de glaces qui créent des problèmes s'apparntant à ceux qui se produisent l'été, mais qui sont plus rares. L'été, on peut tomber sur des rainures dans la chaussée qui dérivent le vélo dans une autre direction, dérobant le support d'en-dessous du cycliste, qui se pète alors la face assez violemment sur la chaussée. C'est très surprenant, et ça fini toujours par vous arriver, aussi bien y être préparé.

Souvent, il suffit de soulever la roue avant du vélo pour sortir de la rainure. Le vélo reprend alors sa trajectoire normale et tout va bien. Vous pouvez vous pratiquer à lever votre roue avant: d'un seul mouvement, portez votre poids à l'arrière du vélo et tirez sur les deux poignées de votre guidon. Quiconque s'est un peu amusé avec un BMX quand il était petit doit savoir comment faire. Enfin, ces plaques bizarres sont quand même rares, mais il faut y faire très attention.

Il y a aussi les plaques de glace pures et simples. Celles-là sont plus faciles: si vous gardez fermement votre direction et ne pédalez pas trop vigoureusement, elles vont simplement passer. La glace supporte votre poids, les pneus ont tout de même une certaine adhérence sur la glace, et vous allez garder votre direction et votre vitesse. Si vous êtes dans une courbe, par contre, c'est plus compliqué: vous pouvez tente de redresser le vélo en terminant le virage, quitte à quitter à chaussée... Parfois, il y a simplement rien à faire. En général, l'idée est que la glace a une moins bonne adhérence que la chaussée normale, alors elle a moins tendance à répondre aux virages, par exemple. Virages sur glace: à éviter.

Le combat éternel avec les ostie de chars

Le combat habituel que je livre entre les portes de char et les chars en marche change un peu quand l'hiver arrive. Au lieu d'éviter de rouler dans la trajectoire des portes ouvrantes, on tente de rouler où la chaussée est la plus dégagée. C'est souvent environ au même endroit qu'on se ramasse: pratiquement aligné avec les roues de droite des voitures, si vous roulez à droite de la chaussée. Cette partie de la chaussée est souvent bien dégagée et il serait téméraire de s'aventurer dans le flou de slush et de neige qui couvre la partie près des voitures stationnées, à moins que vous aimiez le danger et l'aventure.

Évidemment, la plupart des voies en ville (sauf pour les petites rues) à Montréal sont assez larges pour permettre aux voitures de vous dépasser malgré votre position. Évidemment, ça fait chier les chauffeurs royalement quand vous commencez à trop exister, alors attendez-vous à vous faire klaxonner pour rien, vous faire coller et vous sentir généralement aggressé. Pour moi, c'est la routine, mais pour quelqu'un qui a une autre technique de conduite d'été (ie. qui roule dans la trajectoire des portes des voitures stationnées, en mode "divination", comme j'appelle), ça peut être un peu difficile.

Prendre sa place dans le traffic

En fait, je trouve très important de prendre sa place dans le traffic automobile. Comme le dit John Forester (oui! encore lui!):

Cyclists fare best when they act and are treated as drivers of vehicles.

... qu'on pourrait traduire comme:

Les cyclistes oeuvrent mieux quand ils agissent et sont traités comme tout conducteur de véhicule.

C'est toute une technique de conduite qu'on n'enseigne pas aux enfants qui apprennent pourtant à conduire un nouveau véhicule. On se contente de les faire se tenir en équilibre sur le vélo, de traverser aux lumières rouges, de rouler sur les pistes cyclables et on pense que c'est fini. Eh bien non, il y a autre chose. Mais ça sera pour un (plusieurs?) autre(s) billet(s).

Bonne route!

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